#Auteur
#Médecin
#Amoureux du patrimoine africain
Moi c’est Dr Tèju Baba, fier papa de 2 filles et j’aime bien me présenter comme un citoyen Ouest-Africain avec un passeport béninois. Oui je sais qu’en disant cela, je risque de me mettre à dos tous les amoureux des frontières coloniales et nostalgiques de toutes sortes d’un passé qui pourtant ne passe toujours pas. Mais soyons clairs, ce que je veux dire, c’est que les « frontières actuelles du Benin, (anciennement Dahomey) séparent ce pays de 4 autres pays qui ont été baptisés Togo ; Burkina Faso (anciennement Haute-Volta) ; Nigeria et Niger.
Ces pays ont tous vu leurs formes actuelles ou presque, se dessiner lors du partage du gâteau africain (qui a eu lieu sans les Africains eux-mêmes) lors de la fameuse conférence de berlin de 1884-1885. Il est facile de s’imaginer que mes arrière-grands-parents auraient pu très facilement tomber de l’autre côté (du mauvais côté pour ainsi dire) de toutes ces frontières avec ls pays voisins. Et donc aujourd’hui je serais peut-être Nigérien, Togolais ou même mieux Sénégalais, Cape verdien ou Gambien. Les possibilités sont infinies, mais voilà, j’ai un très joli passeport béninois mais je reste avant tout un Ouest-Africain.
Ayant grandi en Afrique de l’Ouest donc dans les années 1980-90, je me suis construit dans un système éducatif orienté vers l’ancienne puissance coloniale, la France.
Résultat, comme des millions d’enfants africains encore aujourd’hui, j’ai grandi en me projetant mentalement vers cet espace imaginaire (que nous appelons encore aujourd’hui « l’Occident ») décrit dans ces livres, ces histoires, si beaux et si bien magnifiés. En focalisant l’éducation de ses enfants sur les valeurs exogènes, l’Afrique a formé pendant des années, des citoyens hors-sols, peu fiers de leur africanité.
Ce système éducatif a écarté certaines valeurs fondamentales et présentes sous différents noms dans tous les pays africains, (MA-YA chez les Bambaras du Mali, Ubuntu dans le sud de l’Afrique). Cette valeur, c’est l’interdépendance des humains entre eux et la reconnaissance de la responsabilité de chacun envers ses semblables et le monde qui les entoure. C’est une philosophie qui soutient le collectivisme plutôt que l’individualisme.
Alors que je me débarrasse ou questionne tout au moins les idéaux coloniaux de mon enfance et que je chéris mon identité africaine, je continue d’être consterné par la façon dont l’Afrique est représentée dans le monde. Si tu en doutes, regarde simplement dans ton propre pays. Je peux presque te garantir que tu y trouveras facilement un centre culturel britannique, une alliance française, un centre culturel chinois, turc, ou autre. Combien as-tu vu de centre culturel africain ? Ajoutez à cela l’inégalité systémique en termes de ressources et d’accès à la narration et à la publication et vous découvrez des peuples marginalisés, souvent privées du pouvoir de posséder et de partager leurs histoires. Voilà pourquoi je suis passionné par des initiatives, telles que le centre culturel Korè de Ségou au Mali, le centre culturel Akanga à Porto-Novo au Benin, et bien d’autres que je ne connais pas encore, qui continuent d’émerger chaque jour pour partager notre histoire. Je crois que le courage de raconter notre histoire et notre vérité peut être une force pour un immense changement. Peut-être pas seulement le changement, mais aussi la liberté de nous voir non pas à travers le prisme de notre passé colonial, mais à travers notre véritable valeur en tant qu’Africain, enracinée dans notre expérience individuelle, mais ouverte au modernisme et à l’exportation de nos valeurs.
Cette plateforme est ma tentative de raconter mon propre voyage (toujours en cours) pour abandonner les idéaux coloniaux enracinés en moi depuis l’enfance et embrasser l’unique opportunité d’être et de vivre en tant que citoyen panafricain. C’est cette énergie créatrice qui m’a poussé à auto-publier mon premier livre, lancer mon blog et lancer mon podcast. Mon livre combine ma passion pour l’histoire et l’écriture et contribue à une représentation plus large, plus vraie et finalement meilleure de l’Afrique et des Africains dans l’espace littéraire. Mon blog fait de courtes conversations imaginaires, (sans se limiter au patrimoine africain) avec mon père, vise à relier l’actualité qui se déroule chaque jour sous nos yeux, aux événements de l’histoire qu’on ne nous a pas enseignés. Enfin, mon podcast « My African clichés » qui a véritablement lancé ce voyage est une réponse aux nombreux clichés répandus sur l’Afrique et les Africains et un récit résumé des faits et moments marquants. Je t’invite à te joindre à moi, pour un voyage qui j’espère pourra t’inspirer, et te pousser à t’assumer, à chercher et trouver le courage de ton histoire et de ta propre vérité.
